Dans la foulée des rapports de l’ONU sur les changements climatiques, l’association œcuménique OEKU église et environnement – un organisme regroupant des églises de Suisse – a produit un document décrivant des actions possibles permettant aux paroisses de réduire leur consommation d’énergie dans le but de préserver la Création, mais aussi d’économiser. En voici les grandes lignes.
Tout d’abord, il faut comprendre que les églises sont des établissements très coûteux en énergie. Les plafonds sont très hauts, ce qui augmente le volume d’air à chauffer. Puisque l’air chaud monte, il faut donc calculer un temps important avant que la température au sol soit confortable. De plus, les murs sont souvent mal isolés ce qui a pour conséquence de donner l’impression aux occupants que l’air ambiant est plus froid que la température indiquée. Ces deux facteurs créent des courants d’air désagréables qui nuisent au confort et qui augmentent les coûts d’énergie.
Comme le démontre le document de l’OEKU, les factures salées ne sont pas les seules conséquences de ces comportements. Ils endommagent les œuvres d’art en plus de contribuer à produire une quantité importante de CO2.
Le document propose plusieurs solutions aux paroisses pour réduire leur consommation d’énergie. Puisqu’elles ne sont pas occupées 24 heures sur 24, il est tout à fait possible de réduire la température ambiante lorsqu’il n’y a pas d’activité.
Une chose est sûre, le fait d’abaisser la température pour la remonter plus tard ne consomme jamais plus d’énergie que de maintenir une constante température élevée. Guide pratique pour les paroisses, OEKU
Les œuvres d’art
Cependant, il faut faire attention. Les églises sont reconnues pour leurs magnifiques œuvres d’art qui sont très sensibles aux fluctuations de températures.
En effet, le bois est un matériel « vivant » : il absorbe l’humidité et gonfle, et rétrécit lorsqu’il se dessèche. Il nécessite donc une attention particulière pour qu’il reste en bonne condition.
Comme beaucoup d’éléments sont construits en bois (bancs, statues, orgue, etc.), il faut être conscient des effets que peuvent avoir nos comportements en matière de consommation d’énergie sur ceux-ci. Pour éviter d’endommager le matériel, il faut donc respecter quelques règles de base que voici :
- Conserver un taux d’humidité entre 45% et 70%.
- Diminuer la température entre 8 et 12°C lors des périodes de non-utilisation (le fait de chauffer constamment l’église assèche l’air et endommage le bois)
- Réchauffer lentement : il est primordial de respecter une vitesse de 1,0 à 1.5°C par heure (si l’on dépasse cette vitesse, le taux d’humidité chutera en dessous des 45% recommandés).
- Maintenir la température maximale sous 18°C.
Quoi faire concrètement ?
Pour faciliter le respect de ces conditions, le guide recommande de faire appel à des professionnels et d’installer des thermostats programmables qui tiendront compte de tous les facteurs mentionnés ci-haut. Il importe également de prendre en compte les variations de chaleur dues à la température extérieure, au soleil et aux occupants qui contribuent à réchauffer l’air ambiant. En utilisant un système qui enregistre ces fluctuations, il est possible de faire des économies allant jusqu’à 20% et éviter de dépasser les 18°C recommandés.
Le guide souligne qu’il est possible d’obtenir des résultats intéressants sans hypothéquer le confort des fidèles : en abaissant de seulement un degré la température ambiante, on peut économiser de 6 à 10%. Une autre solution proposée est de séparer l’espace à chauffer en plusieurs zones de chauffage afin de moduler la température ambiante en fonction du lieu. Voici un exemple proposé par le guide :
Bureaux et locaux de réunion | 19 à 21° C |
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Église pendant le service | max. 18° C |
Église hors utilisation | 8 à 12° C |
Halls, corridors | 15° C |
Cages d’escaliers | 10° C |
Toilettes | 15° C |
Les conclusions de l’association œcuménique OEKU église et environnement sont claires : il faut changer nos habitudes en matière de consommation d’énergie et il faut le faire intelligemment.
En effectuant ces ajustements, les paroisses peuvent contribuer à réduire leurs émissions de CO2, réduire leur impact sur le réchauffement planétaire en plus de réduire leurs coûts d’exploitation.
Le point de vue d’un expert au Québec
Afin de compléter les informations contenues dans le guide, un expert dans l’entretien des orgues depuis 33 ans chez Casavant frères a bien voulu nous accorder une entrevue. Ses propos viennent appuyer les recommandations du guide.
Tel qu’il le mentionne, les plus vieux orgues au Québec datent des années 1840. Les vernis utilisés à l’époque pour protéger les orgues de l’humidité n’étaient malheureusement que peu performants, ce qui rend ceux-ci sensibles aux fluctuations de température et d’humidité. L’orgue est un instrument qui requiert une grande stabilité, comme tous les objets de bois d’ailleurs. Dans la plupart des églises québécoises, l’humidité n’est pas contrôlée et il n’est pas rare que celle-ci descende sous les 20%. De ce fait, notre expert suggère de respecter des variations de température légèrement plus lentes que celles recommandées par l’OEKU, tout en affirmant qu’une variation de 3 à 4°C serait tout de même sécuritaire.
Bref, le guide et l’expert de chez Casavant frères arrivent à la même conclusion : si l’on veut préserver le bois des œuvres d’art, il importe de contrôler rigoureusement les fluctuations de température et d’humidité à l’aide de systèmes automatisé.
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